Une femme.



          Ça m'est tombé dessus au moment où je m'y attendais le moins. Au moment où j'en avais le plus besoin. J'avais jusqu'à présent pensé que c'était un mythe, une entité aussi vague que les mensonges suivant la perte de la première dent de lait. Et pourtant ça a été flagrant. Foudroyant même. Grinçant d'ironie. 

Du jour au lendemain je me suis réveillée Femme. À 24 ans. La veille je ne l'étais pas. Le lendemain je me suis surprise. Un déclic d'autant plus déroutant qu'il est pétri de non-sens. Je ne comprends pas. Mon entourage non plus. Et pourtant c'est flagrant. J'irradie. Vous le voyez aussi ? 

J'ai cette aura rose qui m'embaume, délicate, apaisante et chaude. Je ne peux me le cacher, elle n'est pas toujours aussi "rosoyante", mais rien ne me paraît désormais insurmontable. Je me sens forte. Une Femme forte. Et libre. Et belle. Oh certes pas d'après tous les critères du monde, mais d'après les miens et ça me comble amplement. Ce que j'ai me suffit. Je me suffis. Naturelle. Je me cherchais et je me suis trouvée par hasard. Adulte et épanouie. Et en découle un équilibre que je nommerais Paix.  


Apaisée, c'est cela le mot. Je me sens apaisée des tensions qui m'empêchaient de voir l'éclat réel du jour. Ou du moins de relativiser à ma hauteur. Une douce et longue asphyxie de quatre ans, mélancolique et confortable à la fois. Une pénitence volontairement à l'encontre de ma volonté. Ou bien l'inverse. Je ne comprends pas ce que je viens d'écrire. On s'en fiche. Ce n'est pas ça l'important.

Tout cela pour dire que la maturité est arrivée au bon moment. À celui auquel je ne l'attendais pas. Si soudainement peut être que la surprise n'en est que d'autant plus bonne. Retrouver goût à la vie, j'en rêvais. C'est parce que l'optimisme m'avait tant manqué que je le savoure aujourd'hui d'une aussi résolue gourmandise. Je me sens suffocante de bonheur. À en culpabiliser. 


C'est qu'il faut s'habituer à être heureux. Ce n’est pas si évident que ça y paraît. Puis-je pour autant me considérer comme guérie ? Je ne tiens pas à crier victoire trop vite par peur du contrechoc émotionnel, mais le temps fera son travail. Je le souhaite. J'en suis intuitivement optimiste.


Le mythe a le mérite d'être réalisable. Après avoir vu s'effondrer petit à petit toutes les différentes parcelles de ma vie, je me sens enfin libre de rebâtir sur de bonnes bases. Ou l'art de voir le beau renaître de la dépression.



Je me sens vivante comme si je ne l'avais jamais été.