Des années à oublier, nous en vivons tous. Avec une mention spéciale pour 2015 qui restera à mes yeux bien en avant au palmarès des années de merde. Avec un grand F. Comme F*ck.
La dépression - si je puis l’appeler ainsi - n'est pas nouvelle chez moi. C'est même une vieille amie si j'ose dire. Une vieille amie pour qui je ressens à la fois répulsion et tendresse. Elle ne me lâche pas. Une mélancolie si intense, expressive et persistante qu'elle colore d'un glacis sombre mon entière perception et appréhension du monde. Découragement et pessimisme à sa traine. Parfois elle se calme, subitement, et j'en viens à me demander pourquoi soudainement je me sens bien. Il doit y avoir un problème, je me sens bien, ce n’est pas normal. Enfin, je devrais plutôt dire que c'est la tristesse qui s’installe sans raison. Une grande tristesse profonde née durant l'adolescence qui m'aime trop pour me quitter. Une tristesse qui, même avec les plus beaux cadeaux, la réussite de mes plus grands rêves, les plus belles preuves d'amour et la plénitude financière la plus totale, ne s'en irait pas. Elle est comme ça, ma vieille amie, elle se fiche du contexte, de mes expériences même ô combien positives puissent-elles être. Elle n'a de cesse de me rappeler que je ne pourrai jamais jamais être heureuse. Qu'elle ne me laissera pas l'être à moins de lui passer sur le corps. Le mien.
Soit, concrètement, que me reste-t'il à faire sinon prendre le taureau par les cornes et clamer "hé, toi, la dépression, viens te battre si t'es une femme !!".
Ma thérapie stagne depuis un an, un plateau parrait-il. Et quand même le traitement ne fait plus effet, je me replonge dans un coma léthargique. Je patauge dans une mare de larmes sucrées sans la moindre envie de m'en sortir. Et c'est peut-être cela le plus dur à admettre. À quoi bon.
Pour ceux qui ne comprennent pas, et ceux qui s'y reconnaitront : être dépressif ce n'est pas la déprime du dimanche soir. C'est lorsque du premier au dernier jour de l'année, même avec la meilleure volonté du monde, ton cerveau refuse de trouver goût à la vie alors même qu'il sait très bien qu'il peut y goûter. Mais il ne le peut pas. Et les plus belles choses au monde ne réussiront pas à raisonner ce qui découle de l'inconscient.
Le cerveau malade se soigne, et rien de mieux que le diagnostique d'un professionnel pour aider à amorcer le changement. Car lorsque la dépression se présente, il faut avoir le courage d'admettre qu'il s'agit d'un signe comme quoi il est grand temps d'opérer des changements dans sa vie. Pour ma part, je ne peux nier ressentir une véritable différence entre l'avant et l'après commencement du travail thérapeutique, mais à défaut d'être suffisant, je tâche de revenir vers une méthode plus naturelle d'appréhension du quotidien. D'entrevoir la profondeur et la beauté de chaque choses qui forment le la vie de tous les jours. En espérant que sur le long terme, tous ces efforts porteront leurs fruits.